Cemardi à la TV sur TF1 Séries Films, regardez Au nom de la vérité - Relation impossible. Découvrez la bande annonce et plus d'informations. Série/Feuilleton Comédie sociale : Chacun d'entre nous s'est déjà retrouvé au moins une fois, au coeur de la tourmente «Au nom de la vérité» s'attache à des héros du quotidien en prise avec une décision capitale
Néeà Rome en 1970, Michela Marzano est professeur de philosophie à l'Université Paris Descartes. Elle est l'auteur, entre autres, de Extension du domaine de la manipulation (Grasset, 2008), Le Contrat de défiance (Grasset, 2011), Légère comme-un papillon (Grasset, 2012), Tout ce que je sais de l'amour (Stock, 2014). En savoir plus.
Manipulationsen entreprise. Au nom de la vérité : Manipulations en entreprise en images Casting Réalisateur : Henri De Labbey . Les autres épisodes de la série lundi 13 juin à 06:25. Au nom de la vérité . lundi 13 juin à 06:50. Au nom de la vérité
Jusquoù peut aller la manipulation politique Home; Blog; Guide ; S’inscrire; Select Page. Jusqu’où peut aller la manipulation politique Posted by Yohann Le Goffe | 19, Déc, 2009 Quand les prétendus "Grands de ce Monde" se mettent à jouer avec la Santé Publique au nom de la Sécurité de tous, il est peut-être temps de les regarder autrement. Discours polis truffés de
Nemanquez pas le numéro Manipulations amoureuses de Au nom de la vérité. Prochaine diffusion le à 11h35 sur TF1 Séries Films
parle personnel chargé de la manipulation des cadavres au sein de lexploitation 8. Le plan de lutte contre les nuisibles 9. Le plan de protection vis-à-vis des sangliers pour les exploitations avec passage extérieur entre les bâtiments, ou en bâtiment semi ouvert ou plein-air 10. Le cahier démargement avec lensemble des intervenants extérieurs indiquant date et objet de
Desmoments qui dérapent, des accidents de la vie, des histoires secrètes qui encombrent le quotidien : chaque épisode suit les mésaventures personnelles et familiales de personnages
MariamaR. Njayou face à la presse nationale et internationale le 19 janvier 2022 à Douala. Face à la presse nationale et internationale le 19 janvier 2022 à Douala, la Fondatrice et Coordonnatrice de l’organisation Tomorrow Children, Mariama R. NJAYOU, par ailleurs Coordinatrice nationale de l’Observatoire des Libertés Publiques du Cameroun(OLPC), a
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Chacund'entre nous s'est déjà retrouvé au moins une fois, au coeur de la tourmenteAu nom de la vérité s'attache à des héros du quotidien face à une décision capitale. Chaque épisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille.
124Pz. Vues 11697 L’analyse des tenants et des aboutissants de cette supercherie laisse apparaître qu’elle n’est pas si anecdotique que ça… Valérie Bugault est docteur en droit privé de l’université Panthéon-Sorbonne et avocate. Depuis 2009, elle a cessé ses activités d’avocate pour se consacrer à la diffusion auprès du public du résultat de ses nombreux travaux de recherches. Elle est aujourd’hui analyste de géopolitique économique, juridique et monétaire et conférencière. Ses sujets de recherche sont les institutions – nationales et internationales – la monnaie, l’entreprise, le droit et le fonctionnement de l’économie est auteur de quatre livres, récemment publiésauxéditions Sigest – Du nouvel esprit des lois et de la monnaie », co-écrit avec feu Jean Rémy, publié en juin 2017– La nouvelle entreprise », publié en juillet 2018– Les raisons cachées du désordre mondial », recueil d’articles, publié le 30 mars 2019– Demain dès l’aube… le renouveau », publié en septembre 2019 Une certaine faction, en provenance du Canada, voudrait nous faire avaler la farce appelée fraude au nom légal » afin de justifier la disparition de l’Etat et, un pas plus loin, celle de l’identité même des individus. Car nous allons voir que cette escroquerie aurait ainsi pour effet ultime que les individus, pour se libérer de l’état civil et de l’Etat, devraient abandonner leur filiation afin d’échapper à une prétendue fraude consistant à les considérer comme du capital » dès leur naissance. Les tenants et les aboutissants civilisationnels de l’escroquerie appelée fraude au nom légal » Il y a, derrière cette escroquerie, tout un fatras d’idées toutes aussi saugrenues les unes que les autres et mélangeant, selon la méthodologie habituelle des globalistes, les vraies et les fausses informations. D’un côté on constate que les Etats, entités de droit public, sont réellement inscrits en tant qu’entités commerciales sur des registres du commerce anglo-saxon, ce qui a pour effet de leur dénier toute vocation politique. D’un autre côté on veut nous faire croire que l’institution de l’état civil est initialement corrompue est aurait pour effet de nous mettre en esclavage en faisant passer les humains, dès leur naissance, pour du capital. Ce mélange de vrai et de faux, a pour objectif ultime de laisser croire aux individus que l’état civil lui-même est frauduleux ; la conclusion qui s’impose naturellement serait donc, dans l’idéal, de renoncer au susdit état civil et donc à son nom et à sa filiation. Tiens, comme c’est curieux… cela nous rapproche furieusement de l’objectif globaliste qui tend à faire perdre aux individus leur identité culturelle et personnelle, afin de mieux les contrôler. Car il est plus simple de contrôler un individu isolé de toute histoire, disposant dès lors d’une volonté très amoindrie, qu’un individu rattaché fermement à un groupe humain et à une histoire personnelle et collective. Dans cet ordre d’idées, la distanciation entre l’état civil des individus ainsi que leur mise sous tutelle commerciale a déjà des antécédents juridiques dans nos pays, anciennement régis par le droit continental. Citons pêle-mêle la légalisation des méthodes de PMA, de GPA, la survalorisation des droits et non des devoirs ! de catégories sociales telles que les femmes, les enfants… Les droits sont ainsi toujours appelés en renforts pour mettre en œuvre l’isolement social ; une supercherie consistant à faire appel aux instincts primaires des individus pour les isoler et ainsi atomiser le groupe social lui-même. C’est précisément cette méthode qui a été utilisée par les banquiers commerçants qui ont, au moment de la Révolution de 1789, mis en avant les droits et libertés individuelles, aujourd’hui appelés Droits de l’Homme, pour mieux faire disparaître la notion de groupe et d’intérêts de groupe. Seule l’exaspération juridique des droits individuels a pu faire oublier que ces derniers n’avaient de valeur que dans le cadre d’un groupe constitué, qu’il aurait fallu préserver ! La méthode, très efficace, a fait ses preuves on exacerbe des sentiments individualistes tout en organisant la disparition de leur pertinence ! Car on sait ce que l’exacerbation des prétendus droits individuels » recoupe une mise en esclavage forcée de l’humanité au profit des dominants économiques ; le monde rêvé des globalistes ! Le droit » isole pendant que le devoir rassemble ». Cet état d’esclavagisme légal par la mise en œuvre de la servitude volontaire via l’exacerbations des droits individuels » passe par la disparition de l’histoire collective et de l’histoire individuelle. Ainsi, chacun aura remarqué que la disparition des enseignements historiques chronologiques, quelle que soient les matières y compris dans les sciences dites dures, est maintenant acté par les pouvoirs publics français, lesquels suivent, et même souvent devancent, les lignes de conduites émanant des instances » internationales contrôlées par les globalistes. Quant à la disparition de l’histoire individuelle, elle aura pour point d’aboutissement le transhumanisme et se contente aujourd’hui de la légalisation, à marche forcée, de la marchandisation du corps, des produits du corps humain et plus généralement du vivant. Le prétendu Etat français – seule sa coquille persiste, vidée de toute substance politique réelle – met, une fois de plus, beaucoup de zèle à traduire en terminologie légale, à la mode règlementaire des pays anglo-saxons dominants, l’esclavagisme des individus sous prétexte de leur libération de toute entrave générée par les liens socio-culturels. Le Canada, origine géographique de la prétendue fraude au nom légal » Il faut bien comprendre que l’escroquerie juridique, appelée fraude au nom légal » vient d’un pays à cheval entre deux cultures le Canada. Baigné dans le contexte commercialiste véhiculé par le droit » anglo-saxon, ce pays se souvient vaguement, ou espère vaguement se souvenir, qu’il est possible de concevoir le monde autrement que par le prisme commercialiste déformant. C’est sur un tel substrat culturel que les globalistes ont pu imaginer ce plan, qu’il faut se résoudre à qualifier de diabolique, consistant – une fois de plus – à exploiter l’ignorance et la crédulité publique, afin de faire avancer leur double agenda globaliste consistant à valider L’isolement des individus, réduits à la portion congrue de quasi seuls tubes digestifs aptes à engloutir du sucre et des produits toxiques. Les organes génitaux devenant de simples outils de jouissance, elle-même de plus en plus virtuelle, ce qui permet de contrôler au mieux la démographie tout en laissant aux individus l’illusion de la liberté et du libre choix ;La décrédibilisation des Etats, qui légitimera leur disparition ultérieure. Une fois de plus, nous nous trouvons, avec cette histoire rocambolesque dite de fraude au nom légal », dans une situation d’ingénierie sociale consistant à mêler le vrai et le faux tout en validant l’hégémonie anglo-saxonne et la disparition du concept de droit, véhiculé par le seul droit continental, lequel est dès lors relégué aux oubliettes de l’histoire. En l’occurrence, avec cette fraude au nom légal », les globalistes font avancer leur projet de déconstruction de l’histoire et de disparition du concept même de civilisation ». Car Histoire et Civilisation supposent – ce sont des conditions sine qua non – une identification claire et précise des individus, seule à même de valider l’existence et la viabilité d’une vie collective effective. Il convient d’insister sur le fait que par cette prétendue fraude au nom légal », les tenants du système britannique identifient le patronyme », issu de l’état civil des personnes, avec la notion de personne morale » pour prétendre à la fictivité intégrale de toutes les entités juridiques. Confondre personne physique et personne morale est une très grave ignorance des processus de formation du droit car cela revient à confondre abstraction et fictivité ! C’est aussi une manipulation de la psyché humaine dans le sens du nihilisme. Si la personne morale est une réelle fictivité juridique, inventée de toute pièce pour les besoins du commerce – surtout pour ceux des banquiers-commerçants – le patronyme ne relève pas, et n’a historiquement jamais relevé, d’une quelconque fictivité juridique. Il s’agit d’un processus d’identification, relevant d’une abstraction, comme le langage ou la comptabilité, destinée à permettre la vie en Société, et donc le développement d’une Civilisation. Car en effet, la vie en Société suppose que les individus sachent à qui ils s’adressent. La connaissance et l’identification des êtres par rapport à leur lignée et à leurs ancêtres appartient à ce processus de mise en confiance et de connaissance qui permet l’établissements de relations sociales, fait d’échanges entre les individus. Il faut se souvenir que derrière la filiation se dessine les contours de la transmission des biens matériels et des valeurs immatérielles propres aux différentes lignées. A cet égard, il n’est ni étonnant ni anodin de constater que le processus d’effacement de l’identification des humains selon leur lignée va de pair, en occident, avec la disparition des héritages, c’est-à-dire des biens matériels. Des individus dénués de biens matériels n’ont peu à peu plus rien à échanger. Il ne leur restera finalement qu’à offrir à leurs maîtres leur force de travail. Ce qui nous ramène, une fois de plus, au brevet déposé par Microsoft en juin 2019 consistant à lier l’affectation monétaire, par minage de monnaie, à une activité physique du corps humain. Nous aurons ici terminé définitivement la phase civilisationnelle de l’Occident pour valider sa disparition, qui entraînera de façon prévisible, celle du genre humain et du vivant ! La mise en cause des fondements de la civilisation occidentale par l’escroquerie appelée fraude au nom légal » Certains interprètes de la prétendue fraude au nom légal » vont jusqu’à incriminer l’Eglise catholique, qui est en effet historiquement à l’origine de la constitution des états civils, pour prétendre qu’elle est à l’origine de la mise en esclavage commerciale des individus par l’autorisation du certificat de naissance ». Nous atteignons ici le comble de l’ignorance et de la manipulation ! Il importe de rétablir quelques vérités historiques ! A la chute de l’empire Romain, la vie sociale a été profondément désorganisée dans les territoires anciennement régis par l’empire romain d’occident. Dans ce contexte d’extrême dénuement social, c’est l’Eglise catholique qui a entrepris de reconstruire la société en organisant, dans chaque village, des services d’états civils dans le même temps qu’elle réorganisait les territoires en rendant le service de la justice », sans lequel aucune vie en société n’est possible. Ainsi, l’Eglise catholique, loin d’organiser le nihilisme social des globalistes d’aujourd’hui, a tout au contraire historiquement posé les fondements d’un renouveau de la vie collective et sociale. Nous sommes là aux antipodes des velléités globalistes actuelles qui veulent nous faire passer des vessies pour des lanternes en mettant le principe même de l’Eglise catholique au banc des accusés. Si l’actuelle Eglise catholique a en effet trahi tous ses engagements historiques, ce n’était pas le cas de celle qui a suivi la chute de l’Empire romain il faut bien prendre garde, dans ce domaine, de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Car la civilisation occidentale doit tout à l’Eglise catholique ! Il est également vrai que cette Civilisation devra sa très prochaine disparition à l’infiltration de l’Eglise catholique par les globalistes. Pour dire les choses autrement l’actuelle disparition de la civilisation occidentale est intimement liée à la disparition de l’Eglise catholique, laquelle a aujourd’hui renié tous ses fondamentaux historiques pour s’imprégner, jusqu’au cou, des intérêts privés propres à la cause globaliste ; lesquels intérêts sont de nature essentiellement esclavagiste. L’Eglise catholique actuelle est l’antithèse de l’Eglise catholique qui a initié la Civilisation occidentale. Valérie Bugault, 18 juin 2020
Serhi Lapko, à gauche, et Vitaliy Khrus partagent leur vécu sur les combats que leurs hommes ont dû mener sur la ligne de front en Ukraine. Yevhen Semekhin pour le Washington Post Sudarsan Raghavan/TWP Par Sudarsan Raghavan – 26 mai 2022 – Traduction DRUZHKIVKA, Ukraine – Coincés dans leurs tranchées, les volontaires ukrainiens vivaient d’une pomme de terre par jour tandis que les forces russes les pilonnaient à l’artillerie et aux roquettes Grad sur une ligne de front clé à l’est. En infériorité numérique, sans formation et ne disposant que d’armes légères, les hommes ont prié pour que le barrage s’arrête – et pour que leurs propres chars cessent de cibler les Russes. Ils [les Russes] savent déjà où nous sommes, et lorsque le char ukrainien tire depuis notre côté, cela révèle notre position , a déclaré Serhi Lapko, leur commandant de compagnie, se souvenant de la récente bataille. Et ils commencent à riposter avec tout – Grads, mortiers. Et vous priez juste pour survivre. » Les dirigeants ukrainiens ont projeté et entretenu une image publique d’invulnérabilité militaire – de leurs forces volontaires et professionnelles tenant triomphalement tête à l’assaut russe. Des vidéos d’assauts contre des chars ou des positions russes sont publiées quotidiennement sur les médias sociaux. Des artistes créent des affiches, des panneaux d’affichage et des t-shirts patriotiques. Le service postal a même émis des timbres commémorant le naufrage d’un navire de guerre russe en mer Noire. Les forces ukrainiennes ont réussi à contrecarrer les efforts russes pour s’emparer de Kiev et de Kharkiv et ont remporté des victoires sur le champ de bataille dans l’est du pays. Mais l’expérience de Lapko et de son groupe de volontaires offre un portrait rare et plus réaliste du conflit et de la lutte de l’Ukraine pour stopper l’avancée russe dans certaines parties du Donbas. L’Ukraine, comme la Russie, a fourni peu d’informations sur les morts, les blessés ou les pertes d’équipements militaires. Mais après trois mois de guerre, cette compagnie de 120 hommes n’en compte plus que 54 en raison des décès, des blessures et des désertions. Les volontaires étaient des civils avant l’invasion de la Russie le 24 février, et ils ne s’attendaient pas à être envoyés sur l’une des lignes de front les plus dangereuses de l’Ukraine orientale. Ils se sont rapidement retrouvés dans le collimateur de la guerre, se sentant abandonnés par leurs supérieurs militaires et luttant pour survivre. Notre commandement ne prend aucune responsabilité , a déclaré Lapko. Ils s’attribuent seulement le mérite de nos réalisations. Ils ne nous apportent aucun soutien. » N’en pouvant plus, Lapko et son principal lieutenant, Vitaliy Khrus, se sont retirés avec des membres de leur compagnie cette semaine dans un hôtel loin du front. Là, les deux hommes se sont confiés au Washington Post, sachant qu’ils risquaient de passer en cour martiale et de passer du temps en prison. Si je parle pour moi-même, je ne suis pas un commandant de champ de bataille », a-t-il ajouté. Mais les gars seront à mes côtés, et je serai à leurs côtés jusqu’à la fin . Le commandant du bataillon des volontaires, Ihor Kisileichuk, n’a pas répondu aux appels ou aux questions écrites du Post à temps pour la publication, mais il a envoyé un message laconique tard jeudi disant Sans ce commandant, l’unité protège notre terre , dans une référence apparente à Lapko. Un porte-parole militaire ukrainien a refusé tout commentaire immédiat, affirmant qu’il faudrait des jours » pour fournir une réponse. La guerre brise les gens , a déclaré Serhiy Haidai, chef de l’administration régionale de la guerre dans la province de Louhansk, reconnaissant que de nombreux volontaires n’étaient pas correctement formés parce que les autorités ukrainiennes ne s’attendaient pas à une invasion de la Russie. Mais il a maintenu que tous les soldats sont pris en charge Ils ont suffisamment de matériel médical et de nourriture. La seule chose, c’est qu’il y a des gens qui ne sont pas prêts à se battre . Mais les préoccupations de Lapko et Khrus ont été reprises récemment par une section du 3e bataillon de la 115e brigade, basée à proximité dans la ville assiégée de Severodonetsk. Dans une vidéo téléchargée sur Telegram le 24 mai, et confirmée comme authentique par un assistant de Haidai, les volontaires ont déclaré qu’ils ne se battraient plus parce qu’ils manquaient d’armes appropriées, de soutien arrière et de leadership militaire. Nous sommes envoyés vers une mort certaine , a déclaré un volontaire, lisant un script préparé, ajoutant qu’une vidéo similaire a été filmée par des membres du 1er bataillon de la 115e brigade. Nous ne sommes pas seuls comme ça, nous sommes nombreux . Les militaires ukrainiens ont réfuté les affirmations des volontaires dans leur propre vidéo mise en ligne, affirmant que les déserteurs » avaient tout ce dont ils avaient besoin pour se battre Ils pensaient être venus pour des vacances », a déclaré un membre du service. C’est pour ça qu’ils ont quitté leur poste . Quelques heures après que le Post a interviewé Lapko et Khrus, des membres du service de sécurité militaire ukrainien sont arrivés à leur hôtel et ont détenu certains de leurs hommes, les accusant de désertion. Les hommes affirment que ce sont eux qui ont été déserteurs. Attendre la mort Avant l’invasion, Lapko était un foreur de puits de pétrole et de gaz. Khrus achetait et vendait des outils électriques. Tous deux vivaient dans la ville occidentale d’Uzhhorod et ont rejoint les forces de défense territoriale, une milice civile qui a vu le jour après l’invasion. Lapko, bâti comme un lutteur, a été nommé commandant de compagnie dans le 5e bataillon de fusiliers séparés, en charge de 120 hommes. Khrus, tout aussi costaud, devient commandant de peloton sous les ordres de Lapko. Tous leurs camarades sont originaires d’Ukraine occidentale. On leur a remis des fusils AK-47 et ils ont suivi une formation qui a duré moins d’une demi-heure. Nous avons tiré 30 balles, puis ils nous ont dit Vous ne pouvez pas en avoir plus, c’est trop cher , raconte Lapko. Ils ont reçu l’ordre de se diriger vers la ville de Lviv, dans l’ouest du pays. Une fois sur place, ils ont reçu l’ordre de se diriger vers le sud, puis vers l’est, dans la province de Luhansk, dans le Donbas, dont certaines parties étaient déjà sous le contrôle des séparatistes soutenus par Moscou et sont désormais occupées par les forces russes. Deux douzaines de ses hommes ont refusé de se battre, selon Lapko, et ils ont été emprisonnés. Ceux qui sont restés étaient basés dans la ville de Lysychansk. De là, ils ont été envoyés à Toshkivka, un village de première ligne bordant les zones séparatistes où les forces russes tentaient d’avancer. Ils ont été surpris lorsqu’ils ont reçu les ordres. Quand nous sommes venus ici, on nous a dit que nous allions être en troisième ligne de défense , a déclaré Lapko. Au lieu de cela, nous sommes arrivés sur la ligne zéro, la ligne de front. Nous ne savions pas où nous allions. » La zone est devenue un point central de la guerre, Moscou concentrant sa puissance militaire sur la capture de la région. La ville de Severodonetsk, près de Lysychansk, est entourée sur trois côtés par les forces russes. Au cours du week-end, elles ont détruit l’un des trois ponts menant à la ville, et elles bombardent constamment les deux autres. Les troupes ukrainiennes à l’intérieur de Severodonetsk se battent pour empêcher les Russes d’encercler complètement la ville. C’est également la mission des hommes de Lapko. Si Toshkivka tombe, les Russes peuvent avancer au nord vers Lysychansk et encercler complètement Severodonetsk. Cela leur permettrait également de s’attaquer aux plus grandes villes de la région. Lorsque les volontaires sont arrivés, leurs rotations dans et hors de Toshkivka duraient trois ou quatre jours. Lorsque la guerre s’est intensifiée, ils sont restés au moins une semaine, parfois deux. La nourriture est livrée tous les jours, sauf lorsqu’il y a des bombardements ou que la situation est mauvaise , explique M. Khrus. Et ces dernières semaines, dit-il, la situation s’est considérablement aggravée. Lorsque leurs chaînes d’approvisionnement ont été interrompues pendant deux jours par les bombardements, les hommes ont dû se contenter d’une pomme de terre par jour. Ils passent la plupart de leurs journées et de leurs nuits dans des tranchées creusées dans la forêt aux abords de Toshkivka ou dans les sous-sols de maisons abandonnées. Ils n’ont pas d’eau, il n’y a rien là-bas , a déclaré Lapko. Seulement de l’eau que je leur apporte tous les deux jours . C’est un miracle que les Russes n’aient pas franchi leur ligne défensive à Toshkivka, dit Khrus tandis que Lapko acquiesce. Outre leurs fusils et leurs grenades à main, les seules armes qu’ils ont reçues sont une poignée de grenades propulsées par fusée pour contrer les forces russes bien équipées. Et personne n’a montré aux hommes de Lapko comment utiliser les RPG. Nous n’avions pas d’entraînement approprié », a dit Lapko. C’est environ quatre RPG pour 15 hommes , dit Khrus en secouant la tête. Les Russes, dit-il, déploient des chars, des véhicules de combat d’infanterie, des roquettes Grad et d’autres formes d’artillerie – lorsqu’ils tentent de pénétrer dans la forêt avec des troupes terrestres ou des véhicules d’infanterie, ils peuvent facilement s’approcher suffisamment pour tuer ». » La situation est contrôlable mais difficile , a déclaré Khrus. Et quand les armes lourdes sont contre nous, nous n’avons rien pour travailler. Nous sommes impuissants. » Derrière leurs positions, les forces ukrainiennes disposent de chars, d’artillerie et de mortiers pour soutenir les hommes de Lapko et d’autres unités le long du front. Mais lorsque les chars ou les mortiers sont tirés, les Russes répondent avec des roquettes Grad, souvent dans des zones où les hommes de Lapko sont à l’abri. Dans certains cas, ses troupes se sont retrouvées sans soutien d’artillerie. C’est, en partie, parce que Lapko n’a pas reçu de radio, dit-il. Il n’a donc aucun contact avec ses supérieurs à Lysychansk, ce qui l’empêche d’appeler à l’aide. Les hommes accusent les Russes d’utiliser des bombes au phosphore, des armes incendiaires qui sont interdites par le droit international si elles sont utilisées contre des civils. Elles explosent à 30 ou 50 mètres de hauteur et descendent lentement en brûlant tout , a déclaré Khrus. Savez-vous ce que nous avons contre le phosphore ? » Lapko a demandé. Un verre d’eau, un morceau de tissu pour se couvrir la bouche ! . Lapko et Khrus s’attendent tous deux à mourir au front. C’est pourquoi Lapko porte un pistolet. C’est juste un jouet contre eux, mais je l’ai pour que, s’ils me prennent, je me tire dessus , dit-il. La survie Malgré les difficultés, ses hommes ont combattu avec courage, a déclaré Lapko. Montrant Khrus du doigt, il a déclaré Ce gars-là est une légende, un héros. » Selon son commandant, Khrus et son peloton ont tué plus de 50 soldats russes dans des combats rapprochés. Lors d’un récent affrontement, a-t-il dit, ses hommes ont attaqué deux véhicules blindés russes transportant une trentaine de soldats, les prenant en embuscade avec des grenades et des armes à feu. Leur erreur a été de ne pas venir derrière nous , a déclaré Lapko. S’ils l’avaient fait, je ne serais pas en train de vous parler maintenant ». Lapko a recommandé 12 de ses hommes pour des médailles de valeur, dont deux à titre posthume. La guerre a fait payer un lourd tribut à sa compagnie – ainsi qu’aux autres forces ukrainiennes dans la région. Deux de ses hommes ont été tués, parmi les 20 morts de l’ensemble du bataillon, et beaucoup sont blessés et en voie de guérison », a-t-il déclaré. Et puis il y a ceux qui sont traumatisés et qui ne sont pas revenus. Beaucoup ont subi un choc d’obus. Je ne sais pas comment les compter, » dit Lapko. Les pertes ici sont largement gardées secrètes pour protéger le moral des troupes et du grand public. A la télévision ukrainienne, on voit qu’il n’y a pas de pertes , dit Lapko. Il n’y a pas de vérité ». La plupart des décès, a-t-il ajouté, sont dus au fait que les soldats blessés n’ont pas été évacués assez rapidement, attendant souvent jusqu’à 12 heures pour être transportés vers un hôpital militaire à Lysychansk, à 15 miles de là. Parfois, les hommes doivent transporter un soldat blessé sur un brancard sur une distance de trois kilomètres à pied pour trouver un véhicule, a déclaré Lapko. Deux véhicules affectés à sa compagnie ne sont jamais arrivés, dit-il, et sont utilisés à la place par des personnes du quartier général militaire. Si j’avais une voiture et qu’on me disait que mon camarade est blessé quelque part, je viendrais à tout moment le chercher , a déclaré Lapko, qui a utilisé sa propre voiture déglinguée pour se rendre de Lysychansk à l’hôtel. Mais je n’ai pas les moyens de transport nécessaires pour m’y rendre . Retraite Lapko et ses hommes sont de plus en plus frustrés et désabusés par leurs supérieurs. Sa demande pour les récompenses n’a pas été approuvée. Son commandant de bataillon a exigé qu’il envoie 20 de ses soldats sur une autre ligne de front, ce qui signifie qu’il ne pouvait pas faire la rotation de ses hommes depuis Toshkivka. Il a refusé l’ordre. Le dernier affront est arrivé la semaine dernière lorsqu’il est arrivé au quartier général militaire de Lysychansk après deux semaines à Toshkivka. Le commandant de son bataillon et son équipe avaient déménagé dans une autre ville sans l’en informer, dit-il, emportant de la nourriture, de l’eau et d’autres fournitures. Ils nous ont laissés sans aucune explication , a déclaré Lapko. Je pense que nous avons été envoyés ici pour combler un vide et que personne ne se soucie de savoir si nous vivons ou mourons . Alors lui, Khrus et plusieurs membres de leur compagnie ont conduit les 60 miles jusqu’à Druzhkivka pour rester dans un hôtel pendant quelques jours. Mes gars voulaient se laver pour la première fois depuis un mois, » dit Lapko. Vous savez, l’hygiène ! Nous n’en avons pas. Nous dormons dans des sous-sols, sur des matelas avec des rats qui courent partout. » Lui et ses hommes insistent sur le fait qu’ils veulent retourner au front. Nous sommes prêts à nous battre et nous allons continuer à nous battre », a déclaré Lapko. Nous protégerons chaque mètre de notre pays – mais avec des commandements adéquats et sans ordres irréalistes. J’ai prêté un serment d’allégeance au peuple ukrainien. Nous protégeons l’Ukraine et nous ne laisserons entrer personne tant que nous serons en vie. » Mais lundi, les services de sécurité militaire ukrainiens sont arrivés à l’hôtel et ont emmené Khrus et d’autres membres de son peloton dans un centre de détention pour deux jours, les accusant de désertion. Lapko a été démis de son commandement, selon un ordre examiné par le Post. Il est détenu à la base de Lysychansk, son avenir est incertain. Joint par téléphone mercredi, il a déclaré que deux autres de ses hommes avaient été blessés sur la ligne de front. Yevhen Semekhin a contribué à ce rapport. Source Traduction
Les débats autour de la publicité tendent actuellement à éviter la question de la manipulation pour se concentrer sur les produits promus, les impacts écologiques des dispositifs publicitaires ou l'agressivité de certaines formes de promotion. Pourtant, à l'heure où les possibilités offertes par les Big Data » et le neuromarketing semblent de plus en plus menaçantes, la manipulation est un sujet particulièrement sensible, qu'il s'agit d'appréhender avec nuances, en évitant le complotisme ou la glorification du libre arbitre. En effet, lorsque des publicitaires se défendent de manipuler » les consommateurs, c'est au moyen d'une définition très simplificatrice de la manipulation elle est définie comme le fait de contraindre physiquement quelqu'un à faire quelque chose. Cette définition, qui revient à l'étymologie du terme manipuler signifie mouvoir avec sa main, pousser, modeler, ne permet pas de rendre compte des formes plus subtiles d'influence des comportements auxquelles recourent aujourd’hui les publicitaires. Il importe donc de préciser ce qu'on entend par ce terme de manipulation » et de chercher dans quelle mesure l'activité publicitaire en relève. Définir la manipulation nous permettra de la distinguer d'autres formes d'influence, et ainsi d'avoir une grille d'analyse précise pour déterminer les différents types de discours qu'utilise la rhétorique publicitaire. Nous analyserons ensuite les techniques publicitaires, ainsi que leurs effets, qu'ils soient directs augmentation de la consommation ou indirects normalisation de la culture de la consommation, brouillage de la frontière entre vraies et fausses informations.... Qu'est-ce que la manipulation ? Philippe Breton, chercheur en communication au CNRS, la définit dans son livre La Parole Manipulée comme privation de la liberté de l'auditoire pour l'obliger, par une contrainte spécifique, à partager une opinion ou à adopter tel comportement »1. La manipulation dont nous parlons ici se distingue de la persuasion entendue comme stratégie rhétorique entre personnes considérées comme égales. Selon Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, deux psychologues sociaux ayant travaillé sur les notions de manipulation et d'influence, la manipulation est caractérisée par l'utilisation de techniques qui ne reposent pas sur l'activité argumentative, mais présupposent le recours à une technologie comportementale dont le manipulé n'a pas conscience »2. La manipulation mobilise une connaissance fine des mécanismes cognitifs, aboutissant à ce que certaines chercheurses en psychologie sociale appellent une soumission librement consentie » techniques utilisées auraient pour but de contourner les résistances de l'auditoire, afin de réduire le plus possible [s]a liberté […] de discuter ou résister à ce qu'on lui propose. »4 C'est par l'utilisation de ces technologies comportementales que la manipulation se distingue de l'influence certes, la plupart des messages diffusés dans l'espace public sont des tentatives d'influencer les récepteurrices, mais ces messages ne sont pas manipulatoires s'ils respectent la liberté des récepteurrices. Mais comment savoir si la liberté de l’auditoire est respectée ou non ? C’est un problème car, comme le remarquent Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, un individu ne peut être efficacement manipulé que s'il éprouve un sentiment de liberté. »5 La manipulation est un processus qui doit rester caché, la première étape de toute manipulation consist[ant] justement à faire croire à son interlocuteur qu’il est libre. »6 En exploitant des biais cognitifs dont le ou la manipulée n'a pas forcément conscience, elle contourne ainsi ses résistances, supposées ou réelles. Elle implique une relation asymétrique entre la personne manipulatrice et la victime. Un exemple de technique manipulatoire classique cité par Joule et Beauvois est le pied-dans-la-porte »7. Cette technique en deux étapes consiste à obtenir un premier consentement peu coûteux, qui prédisposera la personne manipulée à donner un deuxième consentement, plus coûteux et qui est en fait celui qu'attendait lea manipulateurrice en premier lieu. Ainsi, si vous cherchez à obtenir une faible somme d'argent d'une personne dans la rue, vous aurez quatre fois plus de chances de succès en leur demandant d'abord l'heure8. Et ce n'est pas parce que leur personnalité ou leur caractère les portent naturellement à le faire, mais parce qu'ils ont été préalablement conduits à accéder à une première requête si peu coûteuse qu'il n'est venu à personne l'idée de la refuser »9 Ces techniques sont utilisées à plus grande échelle. L'application gratuite » Candy Crush utilise le pied-dans-la-porte » pour inciter » les joueurses à acheter des bonus. Candy Crush est un mini-jeu dont les premiers niveaux, d'abord faciles, puis un-peu-compliqués-mais-pas-trop », mettent au bout d'un moment les joueurses face à une difficulté devant laquelle ils et elles sont obligées, pour continuer à jouer, d'acheter des bonus qui sont payants10. Ainsi, de nombreuses personnes, attrapées » hooked » par le mécanisme de récompense du jeu, paient pour avoir ces bonus, chose qu'elles n'auraient peut-être pas faite si le jeu s'était présenté dès le début comme payant. C'est le principe du jeu Pay to win Paie pour gagner », qui mobilise l'aversion à la perte pour forcer le paiement »11. Les différentes techniques de manipulation Maintenir l'ambiguïté entre persuasion et information À propos de la publicité, Philippe Breton s'oppose à l'idée selon laquelle la publicité manipule par essence. »12 Selon lui, le discours publicitaire se positionne sur trois niveaux l'information, la persuasion, et la normalisation d'une culture de la consommation ». Sur quoi repose cette distinction ? Peut-il y avoir une information pure », sans persuasion ? Selon Anthony Galluzzo, maître de conférences à l'université de Saint-Étienne, spécialisé dans la culture de la consommation et son histoire, le principe originel » de la réclame du XIXe siècle était d'informer les potentielles clientes sur un produit qui pouvait les intéresser, et de les guider dans un processus d'achat. Ainsi, jusqu'à la fin du XIXe siècle, la publicité, telle que nous la pensons aujourd'hui, n'existe quasiment pas. On observe dans la presse des annonces, des textes décrivant physiquement un produit, et indiquant son prix et sa disponibilité. Lorsque ces annonces déploient un argumentaire, celui-ci est descriptif et technique, centré sur l'objet même. »13 Les publicitaires d'aujourd'hui répètent que leurs créations ne font rien de plus qu'informer14. Or, en analysant les contenus des publicités, on constate que la dimension informative est très faible. Des recherches ont essayé de quantifier combien d’éléments d’information économique et de signaux persuasifs sont contenus dans les publicités. Elles indiquent que presque 90% des messages publicitaires aux USA, en particulier à la télévision, ne contiennent aucune information. »15 En France, on peut noter que de plus en plus de campagnes publicitaires en extérieur ne contiennent elles non plus aucune information, voire aucun message. Pas même le nom du produit ou de l’enseigne qui le vend. publicité pour McDonald's 2018, affichée en extérieur Pour Philippe Breton, la dimension manipulatrice dans la publicité tiendrait précisément à ce défaut d'information il y a des publicités qui informent, et d'autres qui manipulent. Peu de publicités sont dans la zone grise » entre manipulation et information. L'exemple le plus évident d'une publicité manipulatrice étant l'association d'une marque ou d’un produit à un stimulus positif qui n'a finalement rien à voir avec le produit. Cela arrive très souvent avec des corps, notamment des corps de femmes. Le législateur gagnerait à se servir de ce critère et à définir précisément ce qui relève d'une information et ce qui n'en est pas16. Publicité pour le soda Orangina. Ici on associe des animaux sexualisés avec une boisson gazeuse, sans qu'il n'existe aucun rapport entre les deux. Ne pas donner d'information sur un produit permet de lier une marque ou un produit à des valeurs, des modèles, des personnalités ou des styles de vie » lifestyles », et par là de lui créer une forme d'identité. Le rôle de la publicité n'[est] plus d'annoncer l'existence du produit, mais d'élaborer une image autour de la version d'une marque particulière »17. C'est ce qu'on appelle le branding », ou storytelling », procédé permettant de donner une image particulière à la marque ou au produit vendu, et ainsi le distinguer de ses concurrents. Les consommateurrices qui se retrouveront dans ces valeurs auront ainsi plus de probabilités d'être fidélisées à la marque. Les potentielles clientes s'identifiant à cette marque ou à une autre auront ainsi tendance à acheter d'autres produits de la même marque, y projetteront des affects et s'opposeront à d’autres marques concurrentes alors même qu'elles sont parfois possédées par un seul et même groupe financier18. Les choix de consommation deviennent ainsi constitutifs de l'identité. C'est encore un exemple de technique manipulatoire, car l'association entre ces lifestyles et le produit n'existent que par l'action des communicantes. L'utilisation des biais cognitifs La manipulation dans le discours publicitaire peut prendre différentes formes mais repose toujours, comme nous l'avons vu, sur l'utilisation de techniques comportementales. Ces techniques de fabrication du consentement »19 reposent sur l'exploitation de connaissances approfondies sur la manière dont se prennent les décisions, et font donc appel à des notions de psychologie, sociologie et neurosciences. La condition sine qua non de l'efficacité des mécanismes associant un produit ou une marque à des valeurs est la répétition. Mehdi Khamassi, chercheur en sciences cognitives au CNRS, explique que celle-ci active des biais cognitifs. Les plus connus sont les réflexes pavloviens, mais ils ne représentent qu'une petite partie de tous ces biais dont on ne peut pas se défaire, comme par exemple l'effet de simple exposition »20, à la base du matraquage publicitaire. Lorsque l'on est exposée à un stimulus plus d'une quinzaine de fois, celui-ci nous semble plus familier, et nous sommes alors plus favorablement disposées à son égard. Les chercheurses en psychologie sociale insistent d'ailleurs sur l'importance de la familiarité en tant que telle. »21 Actuellement, nous sommes exposées en moyenne à plus de 15 000 stimuli commerciaux par jour incluant les logos22. Quiconque en a les moyens peut donc, en utilisant le système publicitaire, familiariser toute une population à un produit, une marque, une idée ou même une personnalité. La technique sera encore plus efficace si la personne n'a même pas conscience de recevoir un message commercial. C'est sur ce principe que reposent les images subliminales, qui n'ont d'ailleurs été que très peu utilisées par l'industrie publicitaire car rapidement interdites. Mais d'autres techniques existent et sont autorisées, tout aussi efficaces selon les chercheurses en psychologie le liminal auquel on ne porte aucune attention peut avoir les mêmes effets »23. Le placement de produit en est un exemple très connu et même socialement accepté cela consiste à placer » la marque d'un produit, ou un produit dont la marque est apparente, ou évidente, dans un contexte non publicitaire. Ce contexte peut être médiatique, culturel, ludique, etc. un film donc, mais aussi un reportage, une émission de télévision, un roman[24], un jeu vidéo, une chanson et même... un tableau. »25 Cette technique permet de toucher des audiences importantes, mais aussi et surtout de passer outre les mécanismes conscients de défense. Ainsi, même quand on ne les remarque pas, ces publicités ont une influence sur notre perception du produit ou de la marque, et ce jusqu'à plusieurs semaines après perception du message. Les psychologues décrivent cela comme un transfert de la positivité du contexte scène, situation, visages, etc. sur la marque ou sur le produit qui s'y trouve, apparemment par hasard. »26 Au niveau législatif, le placement de produit est encadré pour les émissions de télévision et les vidéoclips, mais pas pour les films de cinéma ni les autres médias. L'arrivée des Big Data » permet une connaissance encore plus fine de notre psychologie et donc une exploitation encore plus efficace de nos biais cognitifs. À partir de nos déplacements géolocalisés, de notre navigation sur Internet, de nos centres d'intérêt sur Twitter ou de nos likes » Facebook, des algorithmes en déduisent sur des bases statistiques nos opinions politiques, nos préférences d'achat... sans même que nous en soyons conscientes. L'analyse de nos comportements passés permet ainsi de prédire les comportements futurs, et surtout de les influencer. C'est ce que les chercheurses Antoinette Rouvroy et Thomas Berns ont appelé la gouvernementalité algorithmique, c'est-à-dire la récolte, l'agrégation et l'analyse automatisée de données en quantités massives, de manière à modéliser, anticiper et affecter par avance les comportements possibles »27. Les publicitaires se sont immédiatement rués sur les nouvelles possibilités offertes par ces technologies, en créant de nouvelles techniques manipulatoires, comme le smart marketing », marketing individualisé », ou encore le dynamic pricing », c'est-à-dire l'adaptation des prix en temps réel à l'offre et la demande. L'objectif n'est pas tant d'adapter l'offre aux désirs spontanés pour peu qu'une telle chose existe des individus, mais plutôt d'adapter les désirs des individus à l'offre, en adaptant les stratégies de vente la manière de présenter le produit, d'en fixer le prix... au profil de chacun. » Un exemple de dynamic pricing vous regardez un billet de train, et quand vous y retournez, quelques heures ou même quelques minutes plus tard, le prix du billet a augmenté. Le but est de créer un sentiment d'urgence, et d'ainsi susciter l'acte d'achat, sur le mode de la réponse-réflexe à un stimulus d'alerte court-circuitant la réflexivité individuelle et la formation du désir singulier. »28 La même réaction à l'urgence est exploitée lors de grandes opérations marketing comme le Black Friday » ou les soldes l'usage de prix de référence artificiellement gonflés permet de mettre en scène des "démarques" importantes, mais disponibles seulement pendant 24h, et ainsi d'accélérer la décision d'achat. Comme le rappelle Mehdi Khamassi, ces biais cognitifs29 sont dus au fonctionnement même de notre cerveau. Il est bien sûr possible, en faisant des efforts, de s'en prémunir, mais il est impossible d'avoir une vigilance de chaque instant, surtout lorsqu'on voit l'asymétrie entre les moyens déployés par l'industrie publicitaire 1500 Milliards de dollars de budget de communication mondial en 201930, 530 milliards juste pour la publicité et le manque de formation des individus à décrypter les discours manipulateurs et donc à s'en prémunir31. Les effets de la manipulation ...Mais la manipulation, ça marche ? Ces différents exemples peuvent laisser l'impression que la publicité est toute-puissante. Cependant, une telle conclusion demande à être nuancée. En effet, les résultats scientifiques présentés plus haut sont théoriques, et ne prennent pas en compte le contexte de réception32. Les techniques manipulatoires utilisées par la publicité et le marketing, bien que puissantes, s'inscrivent dans un éventail d'autres facteurs d'influence incontrôlables, notamment la socialisation des consommateurrices et les idées ou habitudes ancrées dans leur culture. Anthony Galluzzo insiste sur le fait que lorsqu'un produit se vend bien, c'est souvent grâce à d'autres variables du mix marketing, peu discutées car moins perceptibles ; le rapport de forces avec les distributeurs, qui conditionne la valorisation du produit dans les linéaires, l'importance et l'efficacité de la force de vente, les techniques de promotion, la planification des ventes, l'innovation produit, la politique de prix, le packaging...33 Les défenseurs de la publicité insistent d'ailleurs sur le taux d'échec particulièrement élevé des nouveaux produits qui sont régulièrement lancés sur le marché. »34 Galluzzo critique d'ailleurs les mythes de manipulateurs omnipotents que se sont construits des personnages comme Edward Bernays, dont l'image publique de scientifique tout-puissant résultait largement des discours que ce dernier produisait sur lui-même, dans le souci de vendre ses services aux industriels états-uniens. Cette image s'est en fait fondée sur l'accaparement de changements sociétaux déjà en cours. Lorsque les documentaires retracent ses réalisations faire fumer les femmes, inventer la tradition du breakfast états-unien... ils ont en fait pour source quasi-unique... la bibliographie de Bernays. Bernays et d'autres experts en relations publiques », étaient des consultants se mettre en scène tels des oracles surpuissants leur permettait de faire grossir leur carnet de commandes »35. Ainsi, il est nécessaire de ne pas caricaturer la manipulation, par une approche mécaniste de la production de désirs une publicité faisant naître un désir, qui engendre un acte d’achat. La réalité est plus complexe, car le consumérisme est une culture dans laquelle nous baignons en permanence, et qui nous influence bien au-delà du désir ou de l’achat. Les conséquences des techniques manipulatoires ne se limitent pas, comme nous allons le voir, à cette question binaire est-ce que la manipulation a marché ? » La manipulation a d'autres effets, indirects, qu'il est nécessaire d'analyser. La promotion omniprésente d'une culture de consommation » À ces deux premiers niveaux de discours que sont l'information et la persuasion, il faut en ajouter un troisième le rôle de banalisation et de naturalisation de la société de consommation. Chaque publicité, en plus d'informer et/ou de tenter d'influencer le processus d'achat, s'inscrit dans un ensemble d'autres publicités allant toutes dans le même sens, présentant les mêmes sujets, les mêmes thèmes, et venant finalement à former un discours cohérent de valorisation de la consommation, omniprésent dans la société. Par les sujets mis en scène les loisirs et l'extrême richesse » et par ceux qu'au contraire elle invisibilise les vieux objets, le monde de la production et du travail », la publicité sélectionne des comportements, attitudes et valeurs favorables à l'intérêt marchand », et crée un imaginaire ni réaliste ni tout à fait fictionnel, sans fractures ni aspérités, qui idéalise le consommateur et célèbre le confort matériel d'une vaste middle-class, qui s'impose à la totalité de l'espace social »36. C’est ce que Michael Schudson appelle le réalisme capitaliste »37. Ainsi, indépendamment de la réussite ou non d'une campagne publicitaire, cette dernière contribuera un peu plus à implanter et normaliser la culture de la consommation ». La publicité, en tant qu'outil employable par une entreprise pour écouler ses produits sur un marché, est potentiellement inopérante. [...] Cela n'implique pas, cependant, l'impuissance du discours marchand à l'échelle collective et idéologique. La force du discours publicitaire réside dans ses effets cumulatifs et normatifs. La publicité ou, plus largement, le discours médiatico-marchand peuvent être définis comme un corps de doctrine », l'expression d'une façon de concevoir les valeurs de l'existence et les catégories de l' Qu'elle fasse augmenter ou non les ventes d'un produit, chaque publicité participe de la normalisation du consumérisme. Ce message répété relève, comme nous l'avons vu plus haut, de techniques manipulatoires omniprésent à tous les niveaux de la société, il se diffuse sans même être identifié comme tel, passant plutôt comme une composante naturelle » de la société. Ainsi, ce discours-monopole » impose son agenda, fait et défait les modes, et naturalise la consommation comme composante innée de la société et fondement du bonheur individuel. Il crée donc à proprement parler une image du réel qui a l'air d'être le réel »39, ce qui est pour Philippe Breton l'essence même de la manipulation. En plus d’être omniprésente, cette culture de la consommation se nie comme manipulation. On le remarque à l'omniprésence d'un discours vantant la liberté dans le discours publicitaire. Ce discours a notamment été analysé par Jean-Léon Beauvois dans l'essai Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social40 où il constate l'omniprésence des injonctions à la liberté dans la société capitaliste, et les rapproche de ce concept de soumission librement consentie » déjà développé dans d'autres ouvrages. Ainsi, cette injonction constante dans les slogans renforcerait le sentiment de liberté » chez les citoyennes/consommateurrices, les rendant plus perméables aux techniques manipulatoires des publicitaires. Cet appel constant au libre arbitre et à la liberté des consommateurrices revient aussi dans les discours officiels de l'industrie publicitaire, déclarations paradoxales venant d'une industrie qui utilise à grande échelle les savoirs et techniques qui reposent sur la négation de ce concept41. Ainsi, on lit dans une tribune rédigée par un publicitaire que Le récepteur n’est pas cet être incapable de discernement, et qui doit être protégé ». Le consommateur, ce n’est pas l’autre, ce n’est pas un imbécile manipulable à merci le consommateur, c’est soi-même. … Jamais n’est évoquée une éventuelle intelligence du récepteur. Et si par hasard ce consommateur savait ce qu’il fait ?42 L'impact des discours manipulatoires sur la société Selon Philippe Breton, même si la manipulation ne fonctionnait pas, même si les citoyennes n'acceptaient pas la culture de la consommation » véhiculée par la publicité, l'omniprésence des discours manipulés dans la sphère publique serait tout de même problématique pour la démocratie, car elle crée un climat de méfiance, un doute constant envers la parole publique. Cette méfiance pose problème car, dans un régime démocratique, l'action politique, dans la mesure où elle ne participe pas de la violence, s'exerce généralement au moyen du langage. »43 Si la parole publique perd sa légitimité, c'est donc la possibilité même du débat démocratique qui disparaît. La philosophe Hannah Arendt dans toute son œuvre, soulignait déjà l'importance que prenaient le mensonge public et la manipulation dans le glissement d'une démocratie vers des formes d'oligarchie voire de totalitarisme, analyse qu'elle résume dans une interview de 1974 Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger44. Elle avait aussi développé cette idée dans son article Vérité et Politique »45. Partant du postulat de James Madison que tous les gouvernements du monde reposent sur l'opinion »46 et que les faits sont la matière des opinions », elle en déduisait que la liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie, et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat. »47 Le débat permet de se mettre à la place de l'autre, d'entendre ses arguments, son vécu, et d'accéder à ce qu'Arendt appelle une mentalité élargie », c'est-à-dire une opinion prenant en compte d'autres opinions, d'autres visions du monde. En effet pour elle, la qualité même d'une opinion, aussi bien que d'un jugement, dépend de son degré d'impartialité. »48 Son analyse semble encore aujourd'hui très pertinente lorsqu'on voit que la fabrique du doute » est une des stratégies centrales de certaines grandes entreprises pour retarder ou annuler des lois contraignant la vente de leurs produits49. Certaines marques alimentent voire créent des controverses scientifiques afin de continuer à vendre des produits nocifs pour la santé ou l'environnement tabac, fast-food, alcool, désherbants...50. Ces multinationales montent des think tanks, des maisons d'éditions et des revues scientifiques51 afin de diffuser des études qui contredisent les études déjà existantes, leur permettant de prolonger le plus longtemps possible la vente de produits nocifs tout en ayant l’air d’autorités politique, c'est ce qu'on a pu voir notamment aux États-Unis avec l'utilisation par Donald Trump de faits alternatifs » alternative facts ou la généralisation des fake news sur Internet, et leur poids dans le débat public. En France, Eric Zemmour multiplie les interventions télévisées, avançant avec un air de conviction inébranlable des chiffres inventés, répétant à l’envi des thèmes qui se diffusent dans la société, par simple habitude de les entendre. De fait, le problème des techniques manipulatoires ne se limite pas à la publicité. Les techniques manipulatoires que celle-ci utilise se sont transmises peu à peu à tous les espaces du domaine public, de la politique aux médias en passant par l’Internet. En politique, les candidates ne peuvent plus se passer de leurs conseilleres en communication. Pour Agnès Chauveau, maîtresse des conférences à l'université de Paris X-Nanterre, le marketing politique et l'influence des conseilleres en communication commencent en France en 1965, quand Jean Lecanuet, auparavant presque inconnu du grand public, reçoit 16% des suffrages exprimés à l'élection présidentielle. Il avait mené sa campagne en utilisant les techniques publicitaires de l'affichage et les spots télévisuels, suivant les conseils de l'agence Services et Méthodes, dirigée par Michel Bongrand52. À partir de là, les conseilleres en communication sont omniprésentes dans les campagnes, en France comme aux États-Unis. Les techniques de storytelling, de manipulation par le langage, ou de nudge »53, directement importées du monde de l'industrie, prennent toute la place dans la communication politique, faisant primer la personnalité des candidates sur leurs programmes et leur volonté de les réaliser54. Que ces techniques fonctionnent ou non, elles ont contribué à créer de nouvelles formes de représentation de la politique » créations de plans médias », langage simplifié, phrases courtes, goût de la formule, gestuelle policée », mise en avant du corps des candidates55. Le langage politique qui reposait auparavant sur un enchaînement d'arguments devient celui de la publicité, des slogans. Comme le décrit avec cynisme Guy Durandin, enseignant-chercheur en psychologie sociale spécialisé dans les questions de propagande et de publicité, les candidats […] savent que s'ils parviennent au pouvoir, ils n'auront en réalité qu'une marge de manœuvre limitée. Dans ces conditions, les programmes politiques sont, comme les produits, relativement peu différents les uns des autres. Sur quoi va alors se porter la différenciation ? Sur la personnalité et l'image » du Les techniques manipulatoires mises au point par des publicitaires ont transformé la communication politique, remplaçant le débat public sur des choix politiques ou sociétaux par des campagnes de communication centrées sur la personnalité ou le corps des candidates. Le problème est d'autant plus grave que les médias, canaux par lesquels les citoyennes devraient pouvoir s'informer, recourent également à des techniques manipulatoires. En effet, de nombreux médias sont dépendants de la publicité pour leur équilibre financier. Or le choix pour un média d'être financé par la publicité n'est pas neutre en acceptant ce modèle économique, il passe d'un média qui cherche à vendre ses articles et informations à son public à un média qui cherche à vendre son public aux annonceurs57. Les médias permettent aux communicantes, publicitaires ou non, d'intégrer leurs messages au milieu d'articles ou de contenus d'information. De même que dans le placement de produit, il y a un transfert de positivité »58 du média vers la marque ou le produit promu dans la publicité, la publicité va bénéficier d’un environnement non marchand qui transforme son message et rend sa nature publicitaire moins sensible. La plupart des médias vont même jusqu'à intégrer des contenus sponsorisés dans leur charte graphique. Cette technique nommée publicité native » native advertising » empêche les lecteurrices de bien identifier le message comme publicitaire, et les rend donc plus facilement perméables à ce message. On reconnaît là encore la marque d'une technique manipulatoire. Une étude de l'université de Stanford de 2016 montrait que 82% des 7804 étudiantes de l'université ne faisaient pas la différence entre une information et un contenu sponsorisé sur la page d'accueil du site La collusion va parfois plus loin les articles ne sont pas toujours écrits par des journalistes, mais peuvent être des reprises directes de communiqués de l'industrie. Aux États-Unis, cela représenterait de 40 à 70% de l'ensemble de l'information diffusée »60. En France, des médias » en ligne comme MinuteBuzz ou Konbini ont pour unique but de créer des contenus dans lesquels vont s'intégrer les messages publicitaires de leurs clients Orange finance la rubrique d’actualités photographiques, la boisson gazeuse américaine subventionne la section Football Stories, d’ailleurs surtitrée Savoure le football pop avec Coca-Cola et Konbini ». La censure ne se cache pas. À propos de la Coupe du monde de football au Qatar, on voulait faire un article concernant les conditions de travail sur les chantiers, relate Basile, rédacteur pendant trois ans à Konbini. La rédactrice en chef a refusé, parce que Coca n’aurait pas accepté un tel De telles techniques permettent encore une fois de passer outre les défenses conscientes du public et de donner de la crédibilité à des informations qui n'en auraient pas si elles étaient présentées comme ce qu'elles sont des communiqués de marque. Elles posent surtout de graves problèmes de démocratie, confirmant l'analyse d'Hannah Arendt et Philippe Breton. Qui croire, lorsque même les médias – supposés être, selon l'expression de Dominique Cardon, des gatekeepers », c'est-à-dire les autorités légitimes qui trient les vraies et fausses informations afin de donner une image la plus neutre possible du monde – sont en fait structurellement dépendants d'intérêts financiers ? L'utilisation des techniques de manipulation dans la publicité est donc dangereuse en soi, c'est-à-dire indépendamment des messages promus. Ce parce qu'elle nous bombarde de messages qui ne sont ni vrais, ni faux, et font perdre toute pertinence à ces notions pourtant indispensables à la tenue d'un débat. Ces analyses nous permettent d’établir une distinction entre message informatif et message manipulatoire en publicité. Un message publicitaire dont le contenu est informatif et qui ne se dissimule pas comme message publicitaire n'est pas manipulatoire. Cependant, ces messages sont très rares actuellement. Le système publicitaire actuel repose en effet sur l'utilisation massive de techniques qui sont indéniablement manipulatoires, que ce soit dans le fond des messages aucune information, associations des produits à des valeurs ou des stimuli qui n'ont rien à voir avec le produit... ou dans la manière dont ceux-ci s'insèrent dans l'espace public répétition des messages, intégration des publicités dans des espaces non-publicitaires.... Ces techniques permettent de contourner le jugement et la perception des individus en exploitant leurs biais cognitifs. Le système publicitaire repose donc bien actuellement sur la manipulation pour exercer son influence. L'asymétrie entre les budgets publicitaires colossaux et le manque d'éducation des citoyennes sur la communication et ses techniques nous rend vulnérables à ces messages. De plus, l'imposition par la publicité de ces techniques dans toutes les sphères de l'espace public espaces physiques désignés comme publicitaires, mais aussi médias ou Internet62 a des effets sociétaux importants, les rendant directement nocives pour l'environnement et la démocratie. Au-delà de la réussite ou non de ces manipulations, la répétition de messages poussant à la consommation crée une normalisation et une survalorisation de celle-ci. Même une publicité pour un produit bio » ou éthique » fait baigner les récepteurrices du message dans une injonction perpétuelle à consommer, et participe à enrichir cette culture de consommation ». Le résultat est que celle-ci passe pour naturelle et bonne en soi, indépendamment des produits promus. Or une surconsommation, même de produits biologiques ou éthiques, reste une menace pour la planète. Enfin, en normalisant l'usage de ces techniques manipulatoires dans l'espace public, la publicité menace les conditions d'un vrai débat démocratique. Cette généralisation de la manipulation brouille la frontière entre vrai et faux dans l'esprit des citoyennes, et crée un doute permanent dans la parole publique. Ce doute empêche le débat car celui-ci ne peut plus reposer sur des faits, qui sont à chaque fois mis en doute. Tout cela pose de graves problèmes, car le débat est la condition même d'un régime démocratique. Sans débat, les décisions politiques ne sont plus prises en fonction du bien commun, mais en fonction des relations de pouvoir déjà existantes. La question de la manipulation dans la publicité touche donc à la possibilité même d'un régime démocratique, et est particulièrement brûlante dans ce moment d'urgence écologique et de fascisation de la droite française. À l'heure où le monde de la publicité, critiqué pour ses injonctions à la surconsommation, prétend être le bras armé de la transition écologique »63, il nous semble indispensable de créer un cadre légal normatif et contraignant pour limiter le plus possible l'utilisation de ces techniques manipulatoires et reconnaître la liberté de non- BRETON, La Parole Manipulée, 1997, La Découverte, p. 112Robert-Vincent JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens, Nouvelle version, 2014, Presses Universitaires de Grenoble, JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, La soumission librement consentie, 1998, Presses Universitaires de France4Philippe BRETON, La Parole Manipulée, op. cit., p. 245Robert-Vincent JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité, op. cit., p. 2916Philippe BRETON, La Parole Manipulée, op. JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité, op. B. HARRIS, The effects of performing one altruistic act on the likelihood another », Journal of Social Psychology, 88, p. 65-739Robert-Vincent JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, La soumission librement consentie, op. cit., FAVIER, Dopamine, épisode 3 Candy Crush », Arte 2019 MAUCO, Le marché des identités virtuelles dans le jeu vidéo », in La Revue Lacanienne, 2020/I n°21, p. 139 à 15112Interview de Philippe BRETON par Alexandre PICART, Il faut appeler à une moralisation de la publicité », Le Monde, 9 septembre 2004 GALUZZO, La Fabrique du consommateur, 2020, éditions Zones La Découverte, p. 17014On lit par exemple dans la tribune Avant d'interdire » Les entreprises travaillent à des dispositifs d’information sur l’impact environnemental de leurs produits pour les rendre encore plus pertinents et fiables, et la publicité pourrait être un vecteur de diffusion très efficace de ces informations. » tribune publiée le 05/10/2020 par des professionnelles de la communication Mercedes ERRA, Franck GERVAIS, Laurent HABIB TURINO, chercheur à l’Université d’Alicante, Advertising and the Aggregate Economy a Critical View on the Available Evidence», conférence donnée au colloque SPIM De l’industrie publicitaire aux relations publiques, les outils d’influence des multinationales», 29-30 Mai 2018. Institut des sciences de la communication, Paris. Lien vers la vidéo de l’intervention de Philippe BRETON par Alexandre PICART, op. KLEIN, No Logo, La tyrannie des marques, édition augmentée, 2001, Actes Sud, p. 3318Ainsi, Axe et Dove, deux marques de déodorants des années 1990-2000, se sont créées deux identités opposées, Axe se vantant d'augmenter le pouvoir de séduction, la virilité, etc., pendant que Dove se construisait une image féministe, valorisant tous les types de beauté. Les deux étaient possédées par le même groupe, Unilever. cf. Naomi KLEIN, No Logo, op. CHOMSKY, Edward HERMAN, La fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Marseille, Agone, 200820 JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité , op. cit. p. 27522Source et analyse détaillée des différentes méthodologies utilisées pour définir la pression publicitaire JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité, op. cit., p. 27824Balzac a été un des premiers à faire du placement de produit, en plaçant dans ses romans ses fournisseurs tout en leur accolant des épithètes flatteurs, allant même jusqu'à donner l'adresse de certains. Source CLOUZOT et VALENSI, Le Paris de la comédie humaine. Cité par W. BENJAMIN dans Paris capitale du XIXe siècle25Robert-Vincent JOULE et Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité, op. cit., p. 26426ibid, p. 26927Antoinette ROUVROY et Thomas BERNS, Gouvernementalité algorithmique et perspectives d'émancipation. Le disparate comme condition d'individuation par la relation ? », Réseaux, vol. 177, no. 1, 2013, p. 163-196 ROUVROY et Thomas BERNS, op. plus d'informations sur les biais cognitifs, voir l'article Libre arbitre et publicité généalogie d’un double discours » de l'association Résistance à l'Agression Publicitaire FOSSARD, BIG CORPO Encadrer la pub et l'influence des multinationales un impératif écologique et démocratique, 202031Mehdi KHAMASSI, constat partagé par Philippe BRETON, voir La Parole Manipulée, op. BRETON, Serge PROULX, L'Explosion de la communication, Introduction aux théories et pratiques de la communication, La Découverte, 200233Anthony GALLUZZO, op. cit., p. 16734ibid, p. 17735Ibid, p. 16736Ibid, p. 17637Michael SCHUDSON, Advertising, the uneasy persuasion. Its dubious impact on American society, Basic Books, New York, 198338ibid, p. 17739Philippe BRETON, La parole manipulée, op. cit., p. 1840Jean-Léon BEAUVOIS, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social, 2005, Presses Universitaires de Grenoble41Sur ce sujet, voir notre article Libre arbitre et publicité généalogie d'un double discours » issue de la tribune Publicités et nouvelles censures. La publicité, nouveau bouc émissaire » publiée par le Comité d'Éthique Publicitaire, organe associé à l'Agence de Régulation Professionnelle de la Publicité ARPP ARENDT, La Condition de l'homme moderne, édition Pocket, 1958, p. 6344Hannah ARENDT, interview avec Roger ERRERA, NY Review of Books, 197445in Hannah ARENDT, La Crise de la Culture, éditions Folio, 196846James MADISON, The Federalist, cité par Hannah Arendt dans Vérité et Politique, op. ARENDT, Vérité et Politique », op. cit., p. 30348Ibid, p. 30849Franck CUVEILLIER & Pascal VASSELIN, La Fabrique de l'Ignorance, Arte, 202050Voir Erik CONWAY et Naomi ORESKES, Les Marchands de doute, éd. Le Pommier, coll. Essais et documents », Paris 2012 ; Stéphane HOREL, Lobbytomie Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie, éd. La découverte, Paris HOREL cite souvent la revue Regulatory Toxicology and Pharmacie comme un tel CHAUVEAU, L'homme politique et la télévision. L'influence des conseillers en communication », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. no 80, no. 4, 2003, pp. 89-100. terme nudge » a deux sens, celui du coup de pouce pour attirer discrètement l'attention de son voisin, ou celui du coup de pouce pour l'encourager à prendre la bonne décision », David COLON, op. cit., p. 13654David COLON, op. cit., p. 161-17155Agnès CHAUVEAU, op. DURANDIN, L'information, la désinformation et la réalité, 1993, Presses Universitaires de France57"Ce que nous vendons à Coca Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible" disait l'ancien PDG de TF1, Patrick Le Lay JOULE, Jean-Léon BEAUVOIS, Petit Traité, op. cit., p. 26959Stanford History Education Group, Evaluating information the cornerstone of civic online reasoning », 22 novembre 201660David COLON, op. cit., EUSTACHE et Jessica TROCHET, De l'information au piège à clics », Le Monde Diplomatique, août 2017, Zuckerman, fondateur de la fenêtre pop-up et chercheur au MIT, déclare dans un article de 2015 que l'état de déchéance de notre Internet est une conséquence directe, involontaire, de choisir la publicité comme modèle par défaut pour les contenus publicitaires en ligne ». voir Ethan ZUCKERMANN, The Internet's Original Sin », 2015, ERRA, Franck GERVAIS, Laurent HABIB, Avant d'interdire », op. cit.
au nom de la vérité manipulations en entreprise